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HIER-AUJOURD’HUI-DEMAIN

by CM Editor

Fethullah Gulen

Nous puisons aujourd’hui du réconfort dans les rêves d’un avenir lumineux, imaginant des ères éclairées et tissées d’amour, de miséricorde, de compassion, de compréhension et de respect envers la position de chacun.

À chaque aurore naissante, nous attendons avec impatience le moment propice où la cavalerie de l’aube se manifestera.

Dans cet article 

– À une époque, ce monde béni était fort éloigné de l’entité que nous connaissons aujourd’hui.  La clémence du ciel, la splendeur des anges, et la compassion maternelle résonnaient dans chaque son et chaque souffle, faisant surgir chaque quartier comme une anse de confiance.

– L’immoralité n’était jamais exposée de manière aussi ostentatoire, au point de ternir la réputation nationale. Le mal ne trouvait guère d’opportunité pour s’enraciner durablement. L’impudeur était absolument écartée, et même si les penchants vers le péché et la rébellion se manifestaient, ils le faisaient en secret.

– Contrairement à des époques et des lieux où la loi du plus fort prévalait, où la règle de droit était lacunaire et arbitraire, dans cette société bénie, la primauté du droit était incontournable, la justice régnait en maître, la solidarité entre les individus était de mise, et le pouvoir reposait invariablement entre les mains des « justes ».

À une époque, ce monde béni était fort éloigné de l’entité que nous connaissons aujourd’hui. Ses couleurs, son atmosphère et ses habitants étaient imprégnés d’une essence spirituelle véritablement unique. Animés d’une détermination inébranlable à préserver leur identité, ses habitants chérissaient les valeurs héritées du passé, célébraient des traditions intemporelles, et s’enivraient de la riche mosaïque de beautés matérielles et spirituelles qui résultait de cette combinaison sans pareille. Les centres-villes, les marchés, et les rues ressemblaient chacun à un espace sacré, tandis que les lieux de culte évoquaient la projection de la Ka’ba. Avec la profondeur de leurs émotions, de leurs pensées, et de leurs cœurs, les individus de ce monde en tous coins découvraient des âmes d’une profondeur, d’une délicatesse, d’une bienveillance, et d’une béatitude remarquable. On aurait dit que leur accueil chaleureux les enveloppait, et ils ne cessaient de murmurer des mots de gratitude pour le privilège de résider dans un pays aussi hospitalier. La clémence du ciel, la splendeur des anges, et la compassion maternelle résonnaient dans chaque son et chaque souffle, faisant surgir chaque quartier comme une anse de confiance. Dans cet environnement, les gens pouvaient tantôt devenir sérieux en exaltant la Vérité, et à d’autres moments, leur gratitude sincère explosait en acclamations joyeuses, mais un sourire demeurait toujours dans leurs pensées et leurs paroles. Partout où se rendaient ces visages radieux, on aurait dit qu’une douce brise matinale caressait tendrement les environs. Les cœurs alourdis par les pressions de la vie et les esprits tourmentés par des revers temporaires trouvaient apaisement dans cette atmosphère enchanteresse, comme si l’on cherchait refuge dans l’ombre des cieux. Ils laissaient derrière eux leurs soucis et, tel après un bain spirituel, surgissaient rafraîchis et sereins.

Les écoles irradiaient en permanence la lueur de la connaissance et de la sagesse. Chacune d’entre elles constituait un sanctuaire, un espace sacré empli de lumière et de splendeur, illuminant leur environnement tout au long de la journée, telle un guide spirituel ou un enseignant bienveillant. Elles partageaient avec douceur des paroles célestes avec ceux en quête de refuge, les gratifiant d’une orientation divine. Les chaires se transformaient en stations d’élévation de sagesse transcendante, diffusant des rayons de leur éclairage sacré dans les cœurs des auditeurs. Nos demeures se muaient en portails menant à ces écoles, sanctuaires et chaires, résonnant d’une signification et d’une spiritualité profondes, alors qu’elles célébraient les douces brises et les lumières qui émanaient de ces lieux. Les rues et les chemins, enrichis par des individus incarnant la foi et l’illumination, semblaient être des vitrines de bénédictions divines provenant de ces écoles et sanctuaires, transformant chaque lieu en un espace sacré à la fois pour la prière et l’apprentissage.

Les habitants de cette époque s’abstenaient de se dénigrer au moyen de mensonges, de calomnies ou de complots. Même si, à l’occasion, l’on pouvait percevoir le murmure pitoyable de quelques misérables, ignorants des valeurs humaines et dépourvus de respect envers autrui ou envers Dieu, ou encore les cris de l’oppression, l’attitude prédominante de la grande majorité de la société demeurait constamment éloignée de ces actions viles, lesquelles ne pouvaient être imputées qu’à des individus au caractère inférieur. L’immoralité n’était jamais exposée de manière aussi ostentatoire, au point de ternir la réputation nationale. Le mal ne trouvait guère d’opportunité pour s’enraciner durablement. L’impudeur était absolument écartée, et même si les penchants vers le péché et la rébellion se manifestaient, ils le faisaient en secret. Les tentatives dans une telle direction rebelle ne rencontraient guère de succès. Lorsqu’elles réussissaient, elles ne perduraient pas, s’éteignant peu de temps après leur apparition, laissant derrière elles un regret tenace. Les habitants de cette époque recherchaient fréquemment la repentance, qu’ils eussent ou non péché, et s’empressaient de se purifier sous les fontaines de la pénitence sincère. Ils renforçaient constamment leur résolution par la prière et la supplication, s’efforçant de se rapprocher de Dieu.

Au sein de cette société, chacun se regardait mutuellement avec confiance, prenant grand soin de préserver cette confiance, et personne ne se sentait menacé par autrui. Même en cas de tromperie exceptionnelle, l’idée de tromper autrui ne traversait jamais leur esprit. Tromper ou duper quelqu’un était considéré comme le plus grand affront envers l’humanité, et ils protégeaient leur réputation autant que leur honneur. Les voix et l’influence de la force brutale, affirmant « j’ai dit cela », se faisaient rarement entendre. Lorsqu’étaient relevés des actes capricieux ou des transgressions sporadiques, ils étaient résolus sans susciter de tumulte, avec des concessions suffisantes pour apaiser ceux qui semaient le désordre.

Contrairement à des époques et des lieux où la loi du plus fort prévalait, où la règle de droit était lacunaire et arbitraire, dans cette société bénie, la primauté du droit était incontournable, la justice régnait en maître, la solidarité entre les individus était de mise, et le pouvoir reposait invariablement entre les mains des « justes ». Les membres de cette société étaient comme les organes d’un même organisme, se vouant mutuellement respect et reconnaissant l’importance et la nécessité de chaque individu. Le partage était une seconde nature pour eux. La diversité des idées et des opinions était perçue comme un enrichissement, et un profond respect pour les différents points de vue était de rigueur. Personne n’accusait autrui de bigoterie en fonction de ses croyances ou de son absence de croyance. À de rares exceptions près, la crainte d’être agressé ou opprimé était pratiquement inexistante. Leurs cœurs étaient guidés par des engagements de loyauté, de confiance, de compassion et de miséricorde. Les mensonges étaient considérés comme indignes d’un(e) croyant(e), et même la simple évocation du terme « déloyal » suscitait l’embarras. L’oppression et la transgression étaient constamment condamnées, et l’homicide était perçu comme un acte monstrueux.

À cette époque, des actes d’escroquerie, qui constituent aujourd’hui un problème majeur, étaient inconnus. Le terme spéculation ne figurait que dans certains dictionnaires étrangers. L’appropriation illicite de biens était assimilée à du brigandage. Se livrer à ce genre de vices était source de honte, non seulement pour l’auteur, mais également pour sa famille, sa tribu et le village ou la ville où il résidait. Leurs sentiments et leurs pensées loyaux étaient aussi profonds que la moelle de leurs os, constituant l’essence et la vitalité de leur être. La vertu était considérée comme une vérité supérieure et indispensable, et vivre en toute fidélité était un impératif humain. Chacun vivait en permanence imprégné des valeurs de « foi », « connaissance » et « sagesse », exprimant fréquemment un amour et un respect profonds envers Dieu. Personne ne franchissait les limites d’autrui. En cas de transgressions involontaires, ils agissaient conformément aux principes des croyants, s’abstenant de répondre à un tort par un autre tort. Si l’on était maltraité, on respectait son engagement sans attendre de réciprocité. Les comportements grossiers étaient contrecarrés par la courtoisie, dans le but d’enseigner par l’exemple, veillant ainsi à ce que le mal reste unilatéral, réduisant de moitié les potentielles conséquences négatives.

Au cours des derniers siècles, en tant que société, nous nous sommes de plus en plus éloignés de ces hautes valeurs humaines, si ce n’est totalement. Notre pensée collective et notre caractère ont été entachés par une succession de ruptures. Les croyances et les idées auxquelles nous nous identifiions ont commencé à perdre de leur éclat, et certains d’entre nous ont même sombré dans la dégradation. Les visages souriants et avenants d’autrefois ont cédé la place à des visages sombres, maussades, souvent empreints d’hostilité, de haine et de colère. Il semble que les individus pleins de vitalité, de joie, chaleureux et raffinés de notre société aient disparu, remplacés par des entités extrêmement rigides, brusques et fragiles qui évoquent des humains, mais dont l’essence et l’esprit ont été consumés.

Cependant, cette situation n’a pas toujours été universelle. Aux côtés de ceux qui connaissaient une détérioration interne, un détachement ou un déni de leur identité, il y avait également de nombreuses personnes dont les caractères n’avaient pas subi de dégénérescence. Ces individus demeuraient purs et préservés, enracinés dans leur essence spirituelle. Ils attendaient avec impatience une lumière guide, un appel à la prière, et un renouveau de leur foi exprimé avec sincérité et modernité. Animés par un sens de tempérance qui émanait de leurs racines spirituelles, empreints de bonté naturelle, de respect et de pardon envers tous, ils attendaient patiemment l’opportunité de s’exprimer. En réalité, pendant un certain temps, ces individus se rassemblaient occasionnellement, portés par les nobles valeurs de leur héritage, pour explorer des moyens de favoriser l’harmonie au sein de la société. À travers ces initiatives, ils sollicitaient des bénédictions supplémentaires de Dieu et, que ce soit de manière consciente ou non, progressaient constamment vers un renouveau, comme s’ils avaient entendu la trompette d’Israfil. Ces esprits purs, que je comparerais aux courants d’eau douce au sein des mers salées, rayonnaient une sincérité inébranlable, une profonde résignation, et une soumission à Dieu qui reflétait Sa présence, et exerçaient en permanence un impact captivant sur les individus.

Ils étaient en harmonie non seulement avec leurs semblables, mais aussi avec les cieux, la terre, et l’ensemble de la création. Ils étaient en paix avec tous, se montrant amis de l’amitié et ennemis de l’hostilité et de la haine. Ils étaient enclins au partage et se détournaient de l’intérêt personnel. Ils cheminaient vers l’horizon d’une humanité authentique, les yeux pétillants d’espoir et le cœur débordant d’amour, tout en évitant de se laisser entraîner dans le chaos environnant. D’un côté, leur foi en l’au-delà et l’éternité était sincère, tandis que, de l’autre côté, à certains égards, ils étaient pleinement conscients des affaires terrestres. Ils analysaient habilement les événements, tenant compte à la fois de cette vie et de l’au-delà dans leurs interprétations. Ils aspiraient continuellement à aligner leur vie sur les teintes vibrantes et les motifs complexes de leurs cœurs, portés par une détermination semblable à celle des prophètes, alors qu’ils cheminaient vers l’éternité. À leurs yeux, les plaisirs et les joies qui leur advenaient sans qu’ils les sollicitent n’étaient rien d’autre que des récompenses offertes à l’avance aux âmes faibles, et les louanges qu’ils recevaient constituaient des marques d’hospitalité céleste, offertes par le ciel.

Néanmoins, ces expériences étaient réservées à un groupe restreint. Pour qu’elles soient pleinement adoptées par la majorité, ou du moins acceptées et vécues dans une certaine mesure, il est manifeste que les individus doivent nourrir un amour de la vérité et de l’exploration. Ils devraient analyser, synthétiser et s’adonner à des sessions de réflexion continue. Lorsque ces principes sont mis en pratique, les esprits s’enrichissent de connaissances, le jugement évolue en une source de sagesse, et les cœurs s’emplissent d’amour, démontrant ainsi la singularité de l’expérience humaine avec une clarté totale.

Dans ce contexte, il apparaît que parvenir à ce niveau et atteindre cet horizon représente un défi aussi ardu que crucial. Qui peut prétendre connaître les épreuves endurées par ceux qui nous ont précédés pour gravir les sommets qu’ils ont marqués de leurs drapeaux ? Quels abîmes ont-ils affrontés, quels rêves ont-ils poursuivis malgré la fatigue, quels efforts ont-ils consentis, quelle sueur ont-ils versée, quelles épreuves ont-ils surmontées, et quelles expériences éprouvantes ont-ils endurées ? Combien de fois ont-ils côtoyé la mort pour renaître, et combien de fois ont-ils soupiré dans des moments d’impuissance ?

En effet, préserver sa véritable identité constitue une tâche redoutable ; la découverte de soi et la quête des normes établies pour l’humanité sont des défis qui surpassent les difficultés ordinaires de la vie. Une telle tâche exige avant tout la foi, un effort d’investigation, la souffrance et l’amour. Elle nécessite la saisie d’opportunités, en particulier lorsque les espoirs de survie coexistent avec les risques d’anéantissement.

À ce jour, de nombreuses personnes ont réussi cette tâche plus difficile que difficile. Ces héros et leurs réalisations peuvent être considérés comme des points de référence pour d’éventuels succès futurs. Nous puisons aujourd’hui du réconfort dans les rêves d’un avenir lumineux, imaginant des ères éclairées et tissées d’amour, de miséricorde, de compassion, de compréhension et de respect envers la position de chacun. À chaque aurore naissante, nous attendons avec impatience le moment propice où la cavalerie de l’aube se manifestera.

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