Question : L’oppression est partout et existe sous presque toutes les formes. Comment les croyants doivent-ils réagir à l’oppression lorsqu’ils y sont confrontés ?
L’oppression, dans sa forme la plus élémentaire, est une transgression des limites et une violation des droits d’autres personnes. Tuer une fourmi est oppressant, car personne n’est autorisé à priver injustement un animal du droit à la vie. Si c’est un être humain qui est injustement traité, il s’agit certainement d’une forme d’oppression d’une ampleur bien supérieure. Quant à l’oppression commise contre une communauté humaine, c’est un crime incomparablement plus grand et plus horrible.
Quelle que soit sa nature, les croyants sont sérieusement prévenus qu’il ne faut pas oppresser les autres. Sinon, il apparaîtra le Jour du Jugement comme une obscurité multiple qui étouffera et affligera celui qui opprime (Bukhari, Mazalim 9 ; Muslim, Birr 56). Chaque acte d’oppression et d’injustice — que ce soit contre des animaux, des personnes ou même Dieu — apparaîtra devant cette personne comme un problème dans l’autre vie.
Selon certains savants éminents, l’oppression fait partie des obstacles empêchant la personne de profiter des fruits de la foi. Bien que ce soit un obstacle à la croyance en Dieu, c’est également une raison importante qui pousse les croyants à s’éloigner de leur foi.
Prévenir l’oppression
Étant donné que l’oppression est un mal et qu’elle a trait à la manière dont nous traitons autrui, il faut absolument la prévenir. Selon le Prophète Muhammad, que la paix soit sur lui, chacun devrait essayer d’empêcher l’oppression en fonction de sa capacité, de son pouvoir et de sa position, que ce soit par une intervention directe ou par une objection verbale. Dans le cas où nous ne sommes pas en mesure de résister à l’oppression physiquement ou verbalement, nous devons au moins protester contre l’oppresseur avec tout notre cœur (Sahīh Muslim, Imān 78 ; Tirmidhī, Fitan 11 ; Abū Dāwūd, Salāt 239). De même, « (celui) qui se tait devant l’oppression est un démon muet », dit un vieux proverbe célèbre.
Chaque personne peut prévenir l’oppression de son côté, mais il existe certaines formes d’oppression qui ne peuvent être prévenues que par l’État. Dans ce monde contemporain où la justice et la démocratie ont une prévalence large — mais pas parfaite — de telles oppressions sont commises à des degrés suffisamment importants pour que même les États ne soient pas en mesure de les combattre. Empêcher ces oppressions et ces successions d’atrocités, par lesquelles des personnes sont emportées dans des flots de sang, des familles sont brisées, des enfants sont orphelins et des conjoints sont veufs, ne peut être possible qu’entre les mains de certains établissements et organisations internationales. À cet égard, ceux qui se taisent devant l’oppression alors qu’ils ont le pouvoir de l’arrêter, qu’il s’agisse d’individus, d’un État ou d’un établissement international, participent en quelque sorte à cette oppression en fermant les yeux sur cette injustice et en restant neutres. Ils seront donc traités en conséquence au Jour du Jugement dernier.
Comme il est très important de s’opposer à l’oppression et de la prévenir, il est nécessaire de déterminer la bonne stratégie à suivre sans erreur. Dès leur jeunesse, les gens doivent bien réfléchir à la manière d’éliminer l’injustice, étant conscients de leurs capacités. Il ne faut pas non plus exacerber les problèmes tout en essayant de prévenir l’oppression. Les gens ne doivent pas commettre le mal en pensant qu’ils font quelque chose de bien.
Rien de bon ne peut résulter de l’oppression
C’est une grossière illusion de penser que l’on peut atteindre n’importe quel objectif positif par l’oppression et l’injustice. S’il n’est pas possible d’obtenir un résultat favorable par le biais de l’oppression, il n’est pas non plus possible de revendiquer ses droits en recourant à l’oppression. Si les gens ou les sociétés essaient d’ouvrir une nouvelle page de l’Histoire ou bien de revendiquer leurs droits en opprimant les autres, cela donnera lieu à de nouveaux actes d’oppression, à des violations des droits et à un système de justice brisé. Si ces exigences visent à faire respecter les droits et à faire prévaloir la justice, alors une stricte adhésion à un cours juste est nécessaire du début à la fin. Tout comme la fin doit être licite, les moyens d’y parvenir doivent l’être aussi.
Nous ne savons pas exactement dans quelle mesure nous pouvons empêcher toute oppression et toute injustice à notre époque. Ce qui compte le plus, c’est d’être sur la bonne voie pour redresser la situation et corriger les méfaits antérieurs. Les devoirs qui incombent aux voyageurs du droit chemin sont qu’ils doivent toujours être les représentants de ce qui est juste et véridique, ouvrir leur cœur à tout le monde, et aussi ne pas répondre à l’oppression et à l’injustice commises de la même mauvaise manière. Pour reprendre les mots du poète Nabi :
« Ne troublez personne avec l’oppression. Même s’ils vous ont opprimé, ne soyez pas injustes avec eux. N’arrivez pas à la porte de Dieu avec des plaintes. Quant à ceux qui vous oppriment, laissez-les au divin. »