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LES CHIFFRES PORTE-BONHEUR ?

par CM Editor
LES CHIFFRES PORTE-BONHEUR ?

Le Guide du Voyageur Galactique



Les chiffres qui nous facilitent la compréhension des mathématiques trouvent parfois leur place dans des contextes
étrangers aux mathématiques. Prenons l’exemple du chiffre 7 : pourquoi est-il associé à tant d’éléments ? Pourquoi compte-t-on sept jours dans la semaine ? Pourquoi James Bond est-il désigné par le matricule 007 ?


Dans cet article

– Les chiffres nous offrent la clé pour saisir d’innombrables motifs naturels fascinants et utiles, qui nous resteraient autrement inaccessibles.

– Bien que les nombres soient omniprésents dans nos vies, certaines de leurs utilisations s’éloignent du domaine des mathématiques.

– Pour certaines personnes, certains chiffres sont synonymes de chance, alors que d’autres y voient une source de malchance.

Avez-vous déjà réfléchi à ce que serait notre monde sans les chiffres ? Serait-il possible de construire notre civilisation sans eux ? Nous les croisons à chaque instant et ils sont essentiels à notre existence. Leur utilité dépasse la simple capacité à compter, mesurer et effectuer des calculs ; les chiffres gouvernent notre vie. Nous sommes identifiés par des numéros de sécurité sociale, des numéros de comptes bancaires et des numéros de téléphone. Les domaines de la science, de l’économie et du commerce s’articulent tous autour des chiffres. En tant que société, notre organisation repose sur leur usage.

Les mathématiques sont parfois définies comme la science des motifs, et de tels motifs observables abondent dans la nature. Les chiffres nous permettent de décrypter ces configurations. Par exemple, grâce au nombre pi, nous pouvons appréhender le rapport entre la circonférence d’un cercle et son diamètre, une compréhension rendue possible uniquement par l’identification mathématique. Les chiffres nous offrent la clé pour saisir d’innombrables motifs naturels fascinants et utiles, qui nous resteraient autrement inaccessibles.

Dans notre quotidien, de multiples occasions contribuent à enrichir notre réflexion sur la connaissance et la signification attribuée aux nombres. Bien que les nombres soient omniprésents dans nos vies, certaines de leurs utilisations s’éloignent du domaine des mathématiques. Les nombres qui facilitent notre compréhension des mathématiques trouvent parfois leur place dans des contextes étrangers à cette discipline. Prenons l’exemple du nombre 7 : pourquoi observe-t-on son omniprésence ? Pourquoi une semaine compte-t-elle sept jours ? Pourquoi James Bond est-il associé au code 007 ? Pourquoi le conte de Blanche-Neige met-il en scène sept nains ? Pourquoi parle-t-on de sept dormants dans les récits bibliques ? Pourquoi effectue-t-on sept tours de la Ka’ba ? Pourquoi l’arc-en-ciel arbore-t-il sept couleurs ? Pourquoi nomme-t-on les Sept Merveilles du Monde ? Pourquoi la musique est-elle composée de sept notes ? Pourquoi les constellations de la Grande et de la Petite Ourse comptent-elles chacune sept étoiles ? Pourquoi la Sourate al-Fatiha contient-elle sept versets ? En somme, pourquoi le chiffre sept revêt-il une telle singularité ?

Il est intéressant de noter que le nombre 7 s’est démarqué lors d’une enquête auprès de 30 000 participants invités à désigner leur chiffre porte-bonheur. Près de 10 % d’entre eux ont choisi le « 7 », le plaçant ainsi en tête des préférences. Cette préférence universelle pour le nombre 7 est-elle liée aux multiples associations mentionnées précédemment ? Ou bien la présence de trois sept sur les machines à sous, symbolisant le « 7 chanceux », joue-t-elle un rôle dans cette affinité ? Quoi qu’il en soit, presque trois mille personnes sur trente mille éprouvent une attirance particulière pour ce nombre. Interrogés sur les raisons de leur choix, les participants ont livré des réponses diverses : l’habitude de se réveiller à 7h00, le numéro de leur domicile natal, des morceaux musicaux d’une durée de 7 minutes et 7 secondes, etc. Ces témoignages, majoritairement ancrés dans les expériences personnelles, n’offrent cependant pas d’éclairage sur les questions plus générales, telles que les raisons d’une semaine de sept jours ou la symbolique des sept niveaux du ciel et de la terre.

Lors de l’établissement d’une liste des 30 nombres les plus plébiscités, le chiffre 3 se positionne en seconde place, juste après le 7, suivi ensuite par les nombres 8 et 4. Quelles particularités rendent ces nombres si appréciés ? Voici quelques propriétés remarquables que j’ai identifiées pour certains d’entre eux :

Près de 7 % des sondés ont choisi le nombre 8. Dans de nombreuses cultures d’Extrême-Orient, le 8 est perçu comme un symbole de chance, voire d’obsession. En chinois, la sonorité du mot « huit » évoque celle de « richesse ». De plus, vu de côté, le 8 représente le symbole de l’infini, symbolisant l’éternité. L’inauguration des Jeux Olympiques de Pékin le 08/08/08 à 20h08 n’est pas un hasard.

Quant au chiffre 4, bien qu’il arrive en quatrième position, il est paradoxal de constater qu’à l’opposé du 8, il est associé à la malchance en Extrême-Orient. En japonais, la prononciation de « quatre » ressemble étroitement à celle de « mort », rendant ce nombre particulièrement inauspicieux au Japon, en Corée et en Chine. Il est souvent considéré de mauvais augure d’offrir un présent comprenant quatre éléments. De fait, dans de nombreux bâtiments où réside une population principalement asiatique, l’étage numéro quatre est fréquemment omis, à l’instar du numéro 13 dans certaines régions d’Amérique du Nord. Il n’est pas rare de ne pas trouver de 4e étage dans les hôtels ou de série 4 dans certaines gammes de produits, à l’image des téléphones Nokia qui sont passés directement de la série 3 à la série 5. Dans la culture occidentale, le chiffre quatre n’est pas spécifiquement vu comme porte-bonheur ou malchanceux, bien qu’il existe des exceptions notables, telles que les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse dans la Bible chrétienne et l’expression « mots de quatre lettres » pour désigner les gros mots. Malgré ces associations négatives, 5,6 % des trente mille participants à notre enquête ont choisi le 4 comme leur chiffre porte-bonheur.

Le numéro suivant est le 5, qui occupe la cinquième position. Voici une autre coïncidence remarquable ! 5,1 % des participants à l’enquête l’ont désigné comme leur chiffre porte-bonheur. Le chiffre 5 se distingue par sa présence récurrente dans la nature. L’être humain possède cinq sens (la vue, l’odorat, le goût, le toucher, et l’ouïe) ; de même, nous avons cinq doigts à chaque main et pied. Certains êtres fascinants, tels que l’étoile de mer, présentent une symétrie pentagonale, ce qui signifie qu’ils peuvent être pivotés cinq fois tout en conservant la même apparence.

En sixième position, nous trouvons un chiffre captivant : le 13. Parmi l’ensemble des participants, 5 % le considèrent comme leur chiffre porte-bonheur, bien qu’il soit perçu comme de mauvais augure dans la plupart des pays occidentaux. Certains immeubles n’ont d’ailleurs pas de treizième étage ou d’appartement portant ce numéro. La crainte associée au chiffre 13 porte même un nom : la triskaïdékaphobie. Historiquement, cette superstition trouve son origine dans deux événements marquants : tout d’abord, selon la tradition chrétienne, 13 convives étaient présents lors de la Cène, le dernier repas de Jésus avant sa crucifixion, qui eut lieu un vendredi ; Jésus et ses 12 apôtres. Le second événement lié au chiffre 13 concerne l’arrestation des Templiers au XIVe siècle, ordonnée par le roi de France Philippe le Bel avec l’aval du pape Clément V, un vendredi 13 octobre 1307. La sinistre réputation du chiffre 13 et l’origine de l’expression « Vendredi noir » sont également attribuées à cette inquisition. Un autre fait historique associant malchance au chiffre 13 est la chute de Constantinople en 1453, une année dont l’addition des chiffres donne 13.

Le numéro 42, se distinguant nettement au-delà du top dix, revêt une singularité exceptionnelle. Pour appréhender la raison pour laquelle ce numéro, érigé en mythe des temps modernes, a été choisi, il est impératif d’explorer le roman qui en est à l’origine : « Le Guide du voyageur galactique » de Douglas Adams (décédé en 2001). L’ouvrage narre l’existence ancienne d’une race d’êtres d’une intelligence suprême, maîtres de toutes les dimensions. Dans le but de clore les interminables débats sur le sens de la vie, deux êtres d’une brillance et d’une intelligence sans égales sont désignés pour concevoir un supercalculateur – peut-être de nature quantique – apte à élucider la Vie, l’Univers et le Reste. Une fois l’ordinateur achevé, baptisé « Pensée Profonde », ils lui posent la question du sens de la vie. La réponse de Pensée Profonde est : « Je dois y réfléchir. Revenez dans sept millions et demi d’années. » Lorsque le moment tant attendu arrive, après 7,5 millions d’années, une foule enthousiaste se rassemble. Le supercalculateur prévient : « La réponse ne va pas vous plaire », avant de révéler le nombre 42. Malgré la confusion initiale, ce nombre a gagné en popularité au fil du temps et a inspiré de nombreux domaines. À tel point qu’un astéroïde découvert en février 2001 fut nommé 2001DA42. Dans le 42ème épisode de la série « Doctor Who », le groupe Coldplay fait écho à cette œuvre avec leur morceau éponyme. La série « Lost », l’une des énigmes télévisuelles par excellence, intègre le 42 dans sa séquence mystérieuse annonçant la fin du monde : 4, 8, 15, 16, 23 et 42. Hormis le 15, tous ces numéros figurent parmi les trente préférés selon un sondage. Le numéro d’appartement du personnage principal de « X Files », autre série enveloppée de mystère, était également 42. Le premier édifice du Googleplex portait le nom de « Bâtiment 42 », un choix probablement fait en hommage au « Guide du voyageur galactique ». Les laboratoires du CERN, y compris le Grand Accélérateur de particules, possèdent un bâtiment administratif portant le numéro 42 pour les mêmes raisons. Combien d’antennes compose le réseau de télescopes Allen du SETI, dédié à la recherche de vie extraterrestre ? Exactement, 42 ! De surcroît, une recherche sur Google de « réponse à la vie, l’univers et tout le reste » affiche le numéro 42, accompagné d’une calculatrice !

Des nombres particuliers se sont distingués en raison de leurs propriétés numériques uniques. Ainsi, « Pi » et « e » (le nombre d’Euler) se classent respectivement en 18ème et 28ème position parmi les nombres les plus prisés. La présence du nombre Pi dans cette liste n’étonnera personne, vu son prestige. Ce nombre, dont la séquence de chiffres après la virgule est indéfinie et semble s’étirer vers l’infini, est vénéré par beaucoup. En partant du principe qu’il manifeste des caractéristiques aléatoires, pi, si étendu soit-il, pourrait contenir toute séquence de chiffres imaginable. Ainsi, votre date de naissance, vos numéros de téléphone, ou tout autre numéro tapé au hasard, pourraient théoriquement être trouvés dans pi. En allant plus loin, grâce à un système capable de transcrire les lettres en chiffres, il serait théoriquement possible de retrouver dans pi le nom d’une personne ou d’une institution, un mot, une phrase, voire même un livre entier. L’idée que pi encapsule l’essence même de la vie n’est pas marginale. Certains vont jusqu’à le mémoriser comme une forme de dévotion. Selon le Guinness des records, le record de mémorisation de pi est détenu par un Chinois nommé Lu Chao, avec 67 890 chiffres, récités en 24 heures et 4 minutes. En 2006, un Japonais du nom d’Akira Haraguchi prétendait avoir mémorisé 100 000 chiffres après la virgule en près de 18 heures, bien que cette performance n’ait pas été officiellement reconnue par le Guinness.

Le chiffre 4 revêt également une signification particulière, se classant étonnamment quatrième parmi les nombres considérés comme « chanceux ». Pour certains musulmans, le nombre 4 revêt une importance particulière, symbolisée par les quatre Califes bien guidés, les quatre Archanges, les quatre textes sacrés et les quatre principales sectes de l’Islam, suggérant une possible connexion divine.

« Pour lire l’univers, nous devons d’abord apprendre le langage et nous familiariser avec les caractères dans lesquels il est écrit. Il est composé en langage mathématique, et ses lettres sont des triangles, des cercles et d’autres formes géométriques, sans lesquels il est humainement impossible de saisir ne serait-ce qu’un mot, » affirmait Galilée. Cette assertion ancienne n’a jamais été aussi vraie qu’aujourd’hui, à une époque où les mathématiques déverrouillent les secrets de notre ère contemporaine.

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