Le reboisement a été considéré comme la principale stratégie dans la lutte contre les effets du changement climatique, des études antérieures soulignant le rôle qu’il peut jouer dans la capture et le stockage du carbone atmosphérique. Il existe différentes manières d’intégrer des arbres dans nos paysages, mais l’option la moins chère et la plus simple consiste à permettre aux forêts de repousser d’elles-mêmes pourvue que les conditions le permettent. Une nouvelle étude a cartographié l’accumulation potentielle de carbone dans les forêts naturellement reconstituées au cours des 30 dernières années. Des chercheurs de 18 pays ont rassemblé plus de 13 000 mesures géoréférencées de l’accumulation de carbone pour générer une carte mur à mur d’une résolution d’un kilomètre couvrant 43 pays qui met en évidence les zones avec les plus grands retours de carbone si les arbres pouvaient repousser naturellement. L’équipe a démontré que la repousse naturelle des forêts peut capter jusqu’à 23 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère chaque année. Cela s’ajoute à la séquestration du carbone déjà fournie par les forêts existantes, qui absorbent environ 30 % des émissions annuelles de CO2. Le plus grand avantage de la restauration naturelle des forêts est qu’elle ne nécessite souvent rien de plus que l’inaction humaine. La nature est constamment à l’œuvre pour faire son devoir de restauration de forêts souvent invisibles en bordure de champs, sur des pâturages abandonnés, partout où se trouvent des forêts dégradées ou d’anciennes terres forestières abandonnées. De plus, la repousse naturelle de la forêt peut favoriser le rétablissement de certaines espèces d’arbres locales qui sont les mieux dotées pour survivre dans un endroit spécifique, tout en favorisant les nombreux organismes qui se nourrissent grâce à ces arbres, mangeant ou vivant parmi leurs branches et leurs racines.
Cependant, la repousse naturelle n’est pas la seule solution. Par exemple, sur des sites fortement dégradés ou sur des sources de semences éloignées, la plantation active d’arbres peut aider à démarrer ou à accélérer le rétablissement tout en aidant à établir le bon mélange d’espèces pour le présent comme pour l’avenir. Bien que la plantation d’arbres puisse parfois être nécessaire, elle devrait généralement être la dernière option, car c’est l’une des méthodes les plus coûteuses et souvent les moins efficaces pour lutter contre le changement climatique. On estime que l’humanité devrait planter collectivement environ un billion d’arbres au cours des trois prochaines décennies pour lutter efficacement contre le changement climatique, ce qui représente en moyenne environ un millier de nouveaux arbres plantés dans le sol chaque seconde et suppose que chaque arbre survit et pousse de manière saine. Compte tenu du coût des pépinières, de la préparation du sol, de l’ensemencement et de l’éclaircissage, cela coûterait facilement des centaines de milliards de dollars. Si la croissance de la forêt naturelle est moins chère et meilleure, alors pourquoi ne pas œuvrer à protéger les arbres existants et laisser les forêts pousser d’elles-mêmes ?
- Source
Susan C. Cook-Patton et al. (2020), « Mapping Carbon Accumulation Potential from Global Natural Forest Regrowth [Cartographier le potentiel d’accumulation de carbone recélé par la régénération naturelle des forêts, NdT] », dans Nature, n° 585, vol. 7826, pp. 545-550.