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LA SINCÉRITÉ OU LA PURETÉ D’INTENTION

par CM Editor
LA SINCÉRITÉ OU LA PURETÉ D’INTENTION
(IKHLÂS)

Le mot ikhlâs est souvent interprété comme le fait d’être droit, sincère et pur, d’être éloigné de l’apparence et de l’ostentation dans son intention et son comportement et d’être à l’abri de ce qui assombrit ou souille le cœur. La pureté dans l’intention, la franchise dans la pensée, l’absence de recherche de gains matériels dans la relation avec Dieu et la loyauté dans la servitude devant Dieu, en font également partie.

La sincérité exige qu’on ne recherche rien de matériel quand on adore Dieu et quand on Lui obéit, qu’on s’acquitte de son devoir de servitude pour la seule raison que Dieu l’ordonne, qu’on garde le silence sur toute expérience personnelle d’un traitement préférentiel et de dons de la part de Dieu et qu’on ne cherche que Son approbation et Son agrément.

La sincérité est une des qualités premières de ceux qui sont les plus fidèles et loyaux envers Dieu. La loyauté est considérée comme la source et la sincérité comme l’eau douce qui en coule. Le plus éloquent des hommes a déclaré que celui qui boit sans interruption cette eau pendant quarante jours verra s’ouvrir des canaux de sagesse allant de son cœur à sa langue et qu’il parlera toujours avec sagesse.

La loyauté et la fidélité sont les principaux attributs de la qualité de prophète et la sincérité en est la dimension la plus noble. La sincérité est innée chez les prophètes alors que les autres tentent de l’acquérir au cours de leur vie. Le Coran décrit ainsi le prophète Moïse comme une personne dotée d’une parfaite sincérité (Maryam/XIX :51).

De même que la fidélité et la sincérité sont des qualités intrinsèques des prophètes, qui leur sont à la fois vitales et essentielles, elles le sont pour ceux qui communiquent le message prophétique à leurs semblables à toutes les époques, comparables en cela à l’air et à l’eau pour la vie des êtres vivants. En outre, elles furent leur principale source de pouvoir. Les prophètes étaient convaincus qu’ils ne pouvaient faire un pas en avant sans sincérité et les représentants de la cause de la prophétie doivent être certains qu’ils ne pourront rien réussir sans elle. Fidélité et loyauté sont deux ailes, ou deux océans qui s’étendent de la faveur et de la grâce divines jusqu’au cœur de l’individu. Celui qui sait naviguer sur ces océans ou voler grâce à ces ailes arrivera à destination, car il est sous la protection de Dieu. Dieu apprécie ce qui est fait dans le but de Lui plaire et pour Son seul agrément, indépendamment de l’ampleur et de l’importance apparente de ce qui est fait. Ce qui Lui importe, c’est la qualité et non la quantité des actions. C’est pourquoi Il préfère une petite action accomplie avec sincérité à de nombreuses actions non sincères.

La sincérité est une attitude du cœur et Dieu regarde l’individu selon l’inclination de son cœur. Le Prophète déclare : « Assurément, Dieu ne prend pas en considération votre stature physique, ni votre apparence. Il regarde plutôt votre cœur. »

La sincérité est un honneur divin mystérieux accordé à ceux qui ont le cœur pur afin d’agrandir ce qui est petit, d’approfondir ce qui est superficiel et de donner à l’adoration finie (limitée) une récompense infinie. On peut employer la sincérité pour acheter les choses les plus précieuses sur les marchés de ce monde et de l’autre, et être estimé, bien accueilli et respecté là où d’autres souffrent de grands malheurs. Ce mystérieux pouvoir de la sincérité a conduit le Messager de Dieu à déclarer : « Soyez sincères dans votre religion. Une petite action sincère vous suffit. » Et : « Soyez sincères dans vos actes, car Dieu n’accepte que ce qui est accompli avec sincérité. »4

Si nous envisageons une action comme un corps, la sincérité est son âme. Si, dans une paire d’ailes, l’action représente une aile, la sincérité symbolise l’autre. Un corps sans âme n’a aucune valeur et rien ne peut voler avec une seule aile. Combien sont significatives ces paroles de Jalâl ad-Dîn ar-Rûmî :

Tu dois être sincère dans tous tes actes,

afin que le Seigneur, le Très-Majestueux, puisse les accepter.

La sincérité est l’aile de l’oiseau des actes d’obéissance.

Sans une aile, comment peux-tu voler vers la demeure de la prospérité ?

Les paroles suivantes de Bayâzîd al-Bistâmî, un des saints et maîtres les plus célèbres de la voie soufie, sont-elles aussi très pertinentes :

J’ai adoré mon Seigneur pendant trente ans, de toutes mes forces. Alors j’ai entendu une voix disant : « Bayazid ! Les trésors de Dieu Tout-Puissant sont pleins d’actes d’adoration. Si tu as l’intention de L’atteindre, considère-toi comme insignifiant devant la porte de Dieu et sois sincère dans tes actes. »5

Pour certains, la sincérité implique de se cacher des autres quand ils accomplissent des actes surérogatoires, afin d’éviter toute démonstration et toute ostentation. Pour les autres, cela signifie qu’il n’est pas important d’être vu ou pas pendant qu’on accomplit des actes religieux. Pour d’autres encore, cela signifie qu’on est tellement plongé dans l’adoration ou dans les actes religieux, tout en recherchant l’agrément de Dieu, qu’on ne se souvient même plus si on doit être sincère ou pas.

Se surveiller soi-même est une dimension essentielle de la sincérité, et une personne réellement sincère ne prend pas en considération tout plaisir spirituel susceptible de se présenter, et ne se demande pas si tel ou tel acte va lui valoir d’entrer au paradis. La sincérité est un mystère entre Dieu et Son serviteur, et Dieu la dépose dans le cœur de ceux qu’Il aime. Ceux dont le cœur est éveillé à la sincérité ne se soucient pas d’être loués ou accusés, exaltés ou abaissés, conscients ou inconscients de leurs actes, ni d’être récompensés. De telles personnes demeurent constantes dans leur droiture et se comportent avec la même intégrité en public et en privé6.

Notes

  1. Ibn Abî Shayba, al-Musannaf, 7 : 80 ; Abû Nu‘aym, Hilyat al-Awliyâ’, 5 : 189, 10 :70. 2. Muslim, « Birr », 32-33.
  2. Al-Bayhaqî, Shu‘ab al-Îmân, 5:342 ; ad-Daylamî, al-Musnad, 1 : 435.
  3. Ad-Dâraqutnî, as-Sunan, 1 : 51; al-Bayhaqî, Shu‘ab al-Îmân, 5 : 33.
  4. As-Sulamî, at-Tafsîr, 1:210; Abû Nu‘aym, Hilyat al-Awliyâ’, 10 : 40.
  5. Al-Ghazâlî, Ihyâ’ ‘Ulûm ad-Dîn, 4 : 376; ad-Daylamî, al-Musnad, 3 : 0187.

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