PATIENCE

par CM Editor
Patience

La patience est le discernement qu’a une personne de l’harmonie qui réside au cœur de la nature primordiale – c’est lorsqu’elle comprend cette harmonie et aligne sa vie en conséquence.

Dans cet article

  • La patience signifie comprendre le langage des choses et des événements, et s’efforcer d’établir un dialogue avec eux.
  • Certains paraissent calmes et immobiles, tels des rivières profondes, mais avancent pas à pas, franchissant toutes les ténèbres sur leur chemin, abolissant tous les obstacles sans un bruit.
  • Tout ce qui existe incarne une patience extraordinaire, une détermination et une résilience sans fin, progressant étape par étape vers l’objectif. Il n’y a aucune précipitation, seulement une fidélité aux lois naturelles, sans déviation ni détour.

La patience est un fondement essentiel sur lequel nous nous élevons et atteignons la vertu. C’est une victoire de la volonté. Sans patience, l’élévation de l’âme et la découverte des mystères de l’ego sont impensables. Par la patience, l’être humain se libère de l’emprise de la chair et de la terre, et devient candidat aux sphères angéliques. La patience est un passage étroit et un sommet difficile qui mène aux royaumes d’au-delà. Ainsi, les chercheurs de vérité, qui ont offert leur cœur aux réalités transcendantes, deviennent des Hercule, gravissant tous les chemins qui paraissent infranchissables – un Hercule pour qui les pentes les plus raides semblent être de vastes plaines sans obstacle.

La patience est le discernement dont fait preuve une personne en ce qui concerne l’harmonie secrète de la nature primordiale tout en choisissant de s’accorder à celle-ci. En effet, la patience, c’est comprendre le langage des choses et des événements, et chercher à dialoguer avec eux. L’individu atteint l’honneur véritable lorsqu’il persévère jusqu’à percevoir ce langage, et qu’il tente de construire un pont entre l’écoulement du temps et ses propres actions, devenant ainsi un avec la nature. Quelle grandeur dans cette musique divine qui résonne dans l’univers, et quel spectacle sublime que de sentir et de contempler cette harmonie !

La patience, c’est reconnaître l’influence du temps sur la matière, comprendre comment les événements sont broyés, transformés sous les dents implacables du temps. Sous sa force silencieuse de conversion et de dissolution, ceux qui peuvent se faire acier ou glace selon les conditions s’élèveront vers une autre dimension, se protégeant ainsi de l’anéantissement. Ceux qui ne perçoivent pas cette réalité seront écrasés dans les griffes de fer du temps.

Oui, la nature brisera les jambes et l’esprit de ceux qui n’obéissent pas à ses lois. Mais pour ceux qui la reconnaissent, qui donnent une voix à ses indignations silencieuses en chantant les psaumes nouveaux de David, elle se ramollira comme de la cire entre leurs mains.

Ô vous, impatients et impulsifs qui refusez d’embrasser la patience !

Il y en a tant qui ignorent leur propre nature, qui courent durant des années pour s’apercevoir qu’ils n’ont pas avancé plus loin qu’un fil d’aiguille. Et il y a ceux qui, tels des rivières profondes, paraissent silencieux et immobiles, mais avancent pas à pas, franchissant toutes les ténèbres, abolissant tous les obstacles sans bruit. Ils marchent sans se vanter, sans bruit ni agitation. Tels les coraux au fond de l’océan – coraux qui ont enduré la souffrance, baignés dans le sang pour atteindre le rang d’émeraude.

Une graine perce la roche ou la terre ainsi : en silence et avec persévérance. Un bourgeon fleurit en ouvrant cent fois sa poitrine au soleil, en luttant tout autant contre les ténèbres de la nuit.

Pensez à un embryon formé dans le ventre maternel, traversant d’un stade d’obscurité à un autre – un voyage fascinant, étrange et merveilleux, modèle ultime de patience. Il subit d’innombrables transformations, prenant diverses formes, jusqu’à ce qu’après neuf mois, il émerge dans toute sa splendeur.

Contemplons aussi la création du cosmos – de l’univers. Tout naît sur l’ordre du Tout-Puissant : « Sois ! », et les vastes étendues d’espace et de matière traversent des phases innombrables sur des milliards d’années pour atteindre leur forme actuelle. Quelle leçon profonde et extraordinaire cela représente !

Tout ce qui existe incarne une patience remarquable, une détermination constante et une résilience inépuisable, avançant pas à pas vers son objectif. Il n’y a aucune précipitation, seulement une fidélité stricte aux lois naturelles, sans aucun écart.

Ô humain impatient ! Toi seul fais preuve d’impatience. C’est toi qui perturbe l’ordre établi dans toute la création ! C’est toi qui refuses d’endurer le chemin, préférant sauter les étapes. Tu veux les résultats sans en accepter les causes. Tu poursuis l’impossible, bâtissant des châteaux d’ivoire dans ton imagination. Et pourtant, c’est toi aussi qui t’épuises dans des illusions, rongé par tes propres inquiétudes. Tu parles sans réfléchir, pour ensuite être consumé par le regret – et pourtant, tu ne tires jamais les leçons de ces regrets répétés. Si seulement tu savais à quel point ce comportement est malheureux et déplorable…

Si seulement tu pouvais apprendre des événements qui t’entourent – chacun étant un prédicateur éloquent, parlant son propre langage. Si seulement tu pouvais respecter l’ordre subtil tissé dans l’existence et accomplir ce que la relation de cause à effet attend de toi. Si seulement tu poursuivais avec foi, détermination et volonté, au lieu de te laisser guider par la simple imagination.

Ton existence est mesurée par ta patience, et aux yeux du Très-Haut, ta valeur est proportionnelle à ta patience. C’est ta patience et ta détermination qui te poussent à incarner les vertus et les nobles caractères décrits dans ton Livre — en t’efforçant de les réaliser de la manière la plus parfaite, sans faille ni interruption. C’est ta force et ta persévérance à résister à ce que le Livre désigne comme laid et indésirable. En fin de compte, ta véritable valeur réside dans ton acceptation joyeuse et sincère de tout ce qui vient d’En-Haut :

Qu’il s’agisse d’une épreuve venue de Ta Majesté

Ou d’une fidélité issue de Ta Beauté ;

Les deux réjouissent mon âme ;

Tes épreuves comme Tes grâces sont douces à mon cœur…

Vivre tout ce qui élève, constamment et sans relâche ; se tenir en garde contre tout ce qui rabaisse ; et enfin, endurer avec une tolérance inlassable les dilemmes qui surgissent sans prévenir pour te tester et t’ébranler — voilà la patience. Elle est une souffrance plus profonde que toute autre, mais son fruit est comme une eau pure et vivifiante.

La patience, c’est ne jamais abandonner son poste, même si cela exige de tout sacrifier. C’est fondre comme une bougie, mais rester fermement à sa place.

Où sont passées la persévérance et la volonté ? Où sont le courage et la bravoure ? Nous avons perdu notre voie, égarés par nos changements constants de direction. Occupés chaque jour par autre chose, nous nous sommes épuisés — courant dans tous les sens, sans savoir où aller.

Un saint déclara un jour qu’il avait été instruit par un chat – une créature capable d’attendre patiemment, sans ciller, toute la nuit devant un trou, jusqu’à ce que sa proie apparaisse. Mais toi, ô être humain ! Combien de temps es-tu resté fidèle à ta quête éternelle, sans faiblir ni te détourner ? Combien de fois tes plans ont-ils été ruinés ? Combien de fois tes efforts ont-ils été perdus, t’obligeant à tout recommencer — sans abandonner, sans perdre courage ? Combien de fois as-tu été repoussé, exclu, rejeté, pour revenir, humble, aux marches de ton Bien-Aimé ?

Pensais-tu entrer au Paradis sans endurer les épreuves que vécurent ceux qui t’ont précédé ? Le noble Prophète et ses fidèles compagnons furent secoués à tel point qu’ils crièrent : « Quand viendra le secours de Dieu ? » Peut-être est-il déjà en chemin — pour ceux qui persistent patiemment dans leur dévotion, qui luttent avec acharnement contre le péché, et qui refusent de perdre espoir ou détermination, même lorsque leurs projets et leur vie s’effondrent mille fois.

Oui, ce secours est promis à ceux qui disent :

« Sur le chemin de notre amour, nous ne comptons plus notre vie.
Nous marchons sur une voie passionnée, et dès maintenant, rien d’autre ne nous est nécessaire. »

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